Les éditions LIBRÉCRIT

Un désir, un projet, un espoir

Créer les éditions LIBRÉCRIT à partir de rien, sinon près de quarante années d'écriture, des publications, des expériences accumulées, des revers aussi, c'était un désir, un projet, un espoir, du futur chaque jour conjugué au présent…
Et pendant tout ce temps, le travail quotidien, littéraire et souvent aussi alimentaire s'accomplissait. Le risque était que le désir s'émoussât, que le projet se diluât, que l'espoir s'évanouît et qu'un jour ces désir, projet, espoir fussent à conjuguer au passé.




LIBRÉCRIT existe et publie sans déroger aux intentions d'où naissait le désir, qui fondaient le projet, qui justifiaient l'espoir : tenir un propos libre, voire libertaire, critique, caustique, souvent sarcastique mais toujours littéraire.

Parce qu'il ne suffit pas de dire (d'écrire) pour soulager des humeurs ou raconter des histoires, encore faut-il trouver une forme qui sert le propos, c'est-à-dire ne publier que des livres, romans, essais, nouvelles ou documents qui tiennent forme et fond en égale estime.

Bien sûr, dans le bouillon actuel de communication marchande, on voit poindre le commentaire : une petite maison d'édition avec de grandes ambitions, un souci de qualité, un propos corrosif, non conformiste, rude et irrespectueux à l'occasion, ironique, hors normes, oublieux de la mode et toujours rigoureux, même s'il ne se prend pas au sérieux, c'est un pari...

Qui veut ricaner en prenant des risques ?  Moi.

Tels étaient mon désir, mon projet, mon espoir : publier des livres pour des lecteurs qui savent et qui aiment lire, et réunir autour de LIBRÉCRIT, s'ils le veulent, ces amis, lecteurs, souscripteurs, auteurs dans une sorte de "cercle" qui serait leur lieu et leur lien. Sourire en coin, littérature au gré de chacun.

Une utopie d'insoumission


Que vous écriviez ou non, si vous êtes un lecteur ami de textes qui ne sont pas formatés pour faire des "produits de consommation", vous ne pouvez que constater à la fois la pléthore opportuniste et l'insignifiance d'une grande partie de ce qui se publie à grand renfort d'artillerie médiatique lourde, sourde et aveugle...

Tandis que trop de livres de création, romans, nouvelles, essais, quand ils voient le jour, n'atteignent pas leur public, voire pas de public du tout.

Et combien de textes de qualité restent dans les tiroirs, boudés qu'ils sont par les éditeurs, eux-mêmes valets d'un système de commercialisation (diffusion, distribution, librairies) incapable de donner leur chance aux ouvrages sans "promotion" !

Combien de lecteurs amateurs de pertinence et de causticité portées par un beau texte doivent convenir qu'ils ne trouvent que des "produits" dont la fonction est de vendre un brouet peu ragoûtant ?


Combien d'écrivains, même assez bien servis par le sort, se découragent de ne publier que ce qui est promis à une carrière marchande et de devoir étouffer (ou reléguer au tiroir) ce qui serait leur œuvre véritable ? Car, au-delà des droits d'auteur souvent assez modestes et qui ne lui permettent pas d'en vivre, ce qui importe à un écrivain c'est de voir ses livres exister et toucher un lectorat, même petit mais certain.

Le projet est ambitieux littérairement et modeste économiquement.

Ce risque pris pour que des livres restent est une utopie d'insoumission : il lui faut des lecteurs aspirant à lire des textes différents de ceux de la production courante, des auteurs formant un réseau de relations "textuelles".



Faute de mécène soutenant LIBRÉCRIT, il faut souscrire aux livres publiés ou les acheter en vente directe :

Puisque nos livres ne sont pas (ou peu) diffusés dans le circuit marchand, il faut que les lecteurs souscrivent et fassent souscrire autour d'eux pour assurer la viabilité des éditions. Si nous sommes quelques centaines, ce sera un petit lectorat, mais si chacun amène deux ou trois nouveaux souscripteurs chaque année, à terme cela représentera un vrai public et un riche vivier.


Il faut souscrire aussi parce que les livres ne se fabriquent pas à l'unité mais par centaines (ou par milliers), or LIBRÉCRIT ne veut pas imprimer pour le pilon. LIBRÉCRIT veut faire des livres pour ceux qui les auront choisis et pratiquer une politique de fonds (les maintenir au catalogue afin que leur vie soit durable).

Il faut souscrire parce que des auteurs, ainsi, recevront des droits sur des ventes certaines, même si modestes : une exploitation en vente directe (sur place, par courrier ou
via le site Internet).

On peut aussi proposer des manuscrits et bénéficier peut-être des services de l'atelier.

 

Nous ne nous adressons pas à tout le monde !


Cela va sans dire, mais mieux encore en disant pourquoi.



LIBRÉCRIT est né d'un état d'esprit et d'une volonté : pendant le consensus mou, la satire doit continuer. La dissidence est une hygiène de la pensée, l'insolence une hygiène de vie.

Si l'utopie a changé de forme, parce que le monde est ce qu'il est ou parce que la révolution est devenue un argument de la publicité, elle n'a pas changé d'aspiration : la liberté.

La liberté de n'être pas "consensuel" (par paresse ou défaut de regard critique), celle de dire non plutôt que de ne rien dire, celle d'avoir à redire quand la sottise ou la banalité tiennent lieu de modes de communication, celle de dire oui à ce qui n'est pas "correct" mais qui donne à réfléchir, à rêver ou à jouir.

La liberté de penser hors des sentiers battus et d'exprimer ces différences qui fondent la critique, avec humour ou ironie s'il se peut, parce qu'on vit mieux quand on sait ne pas se conformer, même si c'est plus difficile que de consentir en fermant les yeux.



Nous ne nous adressons pas à tout le monde car nous ne jouons pas le jeu de la consommation, même si beaucoup de gens n'ont ni l'envie de lire pour se poser des questions ni le besoin de tenter d'écrire afin d'y répondre.
Nous ne nous adressons pas à tout le monde car se montrer rebelle ou rétif au conventionnel est une éthique… et l'éthique, à la différence de la morale qui veut toujours s'imposer, est un choix personnel.



Nous n'excluons personne, hormis ceux qui font de l'exclusion leur fonds de commerce, mais nous nous adressons d'abord à ceux qui auront envie de lire nos publications et de s'en réjouir, à ceux qui auront le désir d'exprimer un propos qui rime avec les nôtres : ceux qui nous rejoindront, souscripteurs ou partenaires qui achèteront nos livres, parce qu'on écrit ou publie pour être lu et pour toucher autant de lecteurs que faire se peut sans déroger aux choix assumés.

Nous voulons imaginer des mondes ou commenter celui qui nous a été donné (mais dans quel état).

Nous voulons lire, écrire ou permettre d'écrire à ceux qui ont quelque chose à dire, fût-ce avec férocité (à condition de ne pas verser dans la mauvaise foi, l'attaque ad hominem
ou la diffamation) et qui l'expriment bien car le texte est notre lieu et la langue notre lien.
Ainsi LIBRÉCRIT aura avec ses partenaires et ses lecteurs des relations textuelles.

Ainsi l'utopie (qui a changé de "formes" mais pas de fond) retrouvera ses couleurs d'espoir, le rouge et le noir qui se marient si bien.

Ainsi, caustique, sarcastique, critique, voire érotique — mais jamais dogmatique —, ce qui, de l'esprit libertaire, nous anime tentera de se manifester.

Persiflons, persiflons, il en restera toujours quelque chose !

Et, puisque "sans liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur", LIBRÉCRIT, s'amuse d'un détournement de déférence et affirme : Sans liberté de moquer, il n'est pas de tableau d'honneur !

 Benjamin Lambert